Et si on parlait du travail ?

Dans le courant du premier trimestre, l’Union locale CGT de Toulouse Centre-ville organisait, avec le concours de notre fédération un débat sur le travail, sa perception par les salariés, son influence sur les individus, en bref sa capacité à participer à l’épanouissement de la personne humaine.

L’émancipation d’un être humain passe-t-elle encore par son implication dans le travail, c’est ce dont on peut raisonnablement douter aujourd’hui, à la vue de tous les maux dont semble être porteur ce travail, que l’on en « bénéficie » d’ailleurs, ou pas.

Une participation d’une cinquantaine de militants de 15 professions dont des membres de chsct, délégués du personnel, médecin expert, inspecteur du travail.

Ici, même la mairie aime la castagne !

C’est donc en plein cœur de la ville rose, place Saint-Sernin, dans les locaux récemment rénovés de la Bourse du travail que se sont retrouvés une grosse soixantaine de salariés, femmes et hommes syndiqués à la CGT, de différents secteurs professionnels, Finances publiques, Douane, assurances, commerce. Si l’emplacement quasi-idéal de cette bourse a été très apprécié des participants, il suscite énormément de convoitise de la part de certains, ce qui explique sans doute la très forte tentation de la municipalité toulousaine de « récupérer » ce bâtiment. La mobilisation du salariat du secteur, à grande majorité précaires employés dans des commerces de proximité, qui trouve en ce lieu solidarité, informations et endroit propice aux rencontres et à l’organisation est heureusement forte, et de nombreuses initiatives sont d’ores et déjà prévues.

Quand les salariés se mêlent de ce qui les regarde

L’originalité de la journée a été, à n’en pas douter, le choix fait par les organisateurs d’associer théâtre et débats. La troupe « Le théâtre de l’opprimé » a choisi avec sa pièce « mission locale » de donner la possibilité aux spectateurs d’interférer sur le cours du scénario, le modifier en profondeur si le besoin s’en faisait sentir, un peu comme si dans l’entreprise le salarié avait la possibilité d’influer sur le cours des choses, sur le contenu travail, de sa vie professionnelle : alors, utopie ?

Après un premier déroulement « classique » de la pièce – le sujet en était la réorganisation en profondeur des processus de travail dans une unité de travailleurs sociaux –, la troupe repris son sujet en suscitant la participation de la salle. Les interruptions furent nombreuses, le sujet choisi, le style donné à la pièce faisant régulièrement bondir les spectateurs sur leur siège. Pourtant, rien de caricatural n’a été mis en avant, on semblait même parfois en plein cœur de la vraie vie, les réactions furent souvent vives et pertinentes, et ce bien que chacun doive venir présenter sa vision de la scène en y participant directement, immergé au milieu des acteurs, acteur à son tour parmi d’autres. Quelle intervention du, des salariés ? Quelle intervention du délégué du personnel, du membre du CHSCT ? Quelle place pour l’encadrement, notamment dans la mise en œuvre des contre-réformes ? Quel rôle de l’inspection du travail, de la médecine du travail ? Un large champ de sujets s’est ouvert au débat.

Des mots sur nos maux

De l’avis de tous, on était bien au cœur du quotidien d’une entreprise, peu importe son secteur d’activité, son statut. Chacun y a reconnu, qui des directives, qui des notes de services, des attitudes familières dans son travail : quel que soit le lieu, l’entreprise, ces méthodes sont les mêmes, cassant les solidarités, jouant des personnalités, des ambitions. Et ce sont bien les nouvelles méthodes de management, ouvertement et librement prônées, consenties et acceptées par les diverses hiérarchies qui sont mises en accusation.

D’évidence, l’organisation syndicale ne peut rester en marge de ces problèmes, graves et récurrents, et se doit d’apporter des réponses collectives à la hauteur des enjeux.
La santé, la vie même parfois des salariés est réellement menacée par ces « techniques » agressives qui n’ont d’autre but que de soumettre l’humain aux critères de rentabilité les plus aveugles. Redonner du sens au travail, remettre le collectif de travail au centre de notre intervention syndicale se montrent essentiels.

Quelle intervention syndicale ?

Le débat s’est poursuivi dans l’après-midi après la présentation de l’agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail : qualité du dialogue social détermine la capacité de mettre en place des actions de prévention, de bannir les organisations du travail pathogènes, d’agir avant que surgisse le mal-être. Mais quand il y a rupture du dialogue social, comment fait-on ?

Une expérience militante à Air France a retenu l’attention de la salle : une analyse collective du travail réel sur plusieurs mois a permis de révéler les caractères pathogènes de l’organisation du travail et d’imposer d’autres méthodes de travail : comment redonner du pouvoir d’agir aux salariés, avec le syndicat ?

Quelles suites donner ?

L’intérêt des participants a validé le besoin d’un outil syndical pour :

  • développer la démarche CGT de transformation du travail
  • de créer un réseau d’apports de connaissances, d’échanges d’informations, et d’expériences syndicales. Des camarades volontaires de participer à un collectif ont proposé de voir comment relancer un collectif régional et organiser une initiative d’ici la fin de l’année.

Nous contacter

Fédération des Finances CGT
263 rue de Paris - Case 540
93514 Montreuil cedex
Tel : 01 55 82 76 66
contact@cgtfinances.fr
https://www.high-endrolex.com/11